La première saison de 10h32, nous l’avons créée mi mars avec les pionniers, ils se prenaient le premier confinement de face, sans trop savoir comment écoper l’urgence, ils disaient vouloir à la fois changer le système et priaient pour que les choses restent encore un tout petit peu plus longtemps comme avant, avec la conscience d’être légèrement schizophrènes.
La deuxième saison est née en septembre. Nous avons officialisé notre aventure et décidé d’en faire une communauté et une entreprise dédiées aux dirigeants. Nous en avons accueilli de nouveaux, toujours à 10h32, autour d’un protocole qui s’est progressivement affiné pour honorer notre engagement de n’emprunter que 30 minutes à leur agenda.
Une nouveauté par ailleurs, les dirigeants invités pour livrer leur expérience quotidienne de l’incertitude ont pu devenir à leur tour des “écoutants”.
Avant de lancer la troisième saison, cela vaut le coup de faire le bilan des enseignements des derniers mois.
Tout le monde n’est pas à égalité devant l’incertitude, c’est un fait. Mais nous avons finalement rencontré beaucoup de dirigeants qui nous ont dit l’apprécier, la rechercher, et d’ailleurs s’ennuyer quand elle n’était pas au rendez-vous. Avec l’une d’entre elles nous avons même évoqué l’idée qu’il puisse y avoir une libido professionnelle à alimenter!
Nous avons posé l’hypothèse qu’il puisse avoir plusieurs formes d’incertitude : une adversité née de l’accumulation potentielles de difficultés impossibles à anticiper. C’est sans doute sa forme la plus répandue, mais elle peut aussi se manifester comme une période vide dont on ne sait pas quand elle va cesser. Une “pétole”, en quelque sorte!
Nous avons mis en évidence que les rituels d’élaboration stratégique et de pilotage étaient en train de devenir caduques avec la disparition du “moyen terme” au bénéfice de la vision et de l’émergence, un zoom in/zoom out qui peut se révéler épuisant s’il ne s’accompagne pas de nouvelles pratiques de management et d’une remise en question personnelle des dirigeants.
Ceci nous a conduit à identifier 10 clés pour bien diriger dans la crise. Les 5 premières concernent les pratiques de management, les 5 suivantes la posture personnelle du dirigeant :
1 — Répéter inlassablement la vision comme une étoile du berger à suivre pour éviter aux équipes les plus éloignées des décideurs de subir une série d’ordres et de contre-ordres, sans en comprendre les intentions,
2 — Accepter de reconsidérer ses arbitrages pour ne consacrer ses ressources qu’à ce qui les mérite effectivement,
3 — Alléger absolument, voire supprimer les procédures censées couvrir des risques périmés ou devenus secondaires, réaligner progressivement les process sur les nouveaux risques en cours,
4 — Créer des occasions de rencontre entre les équipes focalisées sur le long terme et celles confrontées à l’urgence pour se donner des chances de faire naître de nouveaux paradigmes,
5 — Développer l’empathie avec la front line qui se prend de plein fouet ce qui affecte les clients, en y étant elle-même concernée dans son quotidien.
6 — Faire preuve d’humilité, exprimer ses doutes et sa vulnérabilité,
7 — Accepter de se connaître vraiment, en prenant conscience de ses forces et de ses talents mais aussi de ses travers, pour se rendre lisible et cohérent pour ses collaborateurs,
8 — Comprendre comment chacun fonctionne pour que les singularités constituent une force, et que chacun puisse se sentir utile,
9 — S’ouvrir à d’autres visions et à d’autres fonctionnements aussi bien internes qu’externes,
10 — Reconnaître ses erreurs, seul moyen de nourrir ou de rétablir la confiance
Une chose est sûre : le vrai changement ne se fera pas tout seul, chacun l’exprime.
C’est manifestement la fin des leaders éclairés qui savent tout sur tout.
Place au tâtonnement intelligent.
Merci de vos feed-backs. Cet article a vocation à s’enrichir de vos expériences.
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